Vivre ensemble et collaborer en tant qu’Églises en constante réforme

Secrétaire général de la FLM, Martin Junge. Photo: FLM/S. Gallay

Un équilibre entre continuité et innovation dans la stratégie 2019-2024 de la FLM

GENÈVE, Suisse - (LWI) - Pour le 501e anniversaire de la Réforme, la Fédération luthérienne mondiale (FLM) lance sa nouvelle stratégie : Avec passion pour l’Église et pour le monde. Établissant un équilibre entre continuité et innovation, la nouvelle stratégie donne les priorités essentielles pour la Communion d’Églises dans les années qui viennent. Le pasteur Martin Junge, secrétaire général de la FLM, a traité de la nouvelle stratégie avec le bulletin de nouvelles et d’information (Lutheran World Information - LWI), répondant à des questions sur la manière dont les Églises luthériennes œuvrent ensemble pour un monde juste, pacifique et réconcilié.

Pourquoi la FLM a-t-elle besoin d’une nouvelle stratégie ?

Je vois trois raisons majeures justifiant une nouvelle stratégie : le monde évolue, la Communion d’Églises de la FLM est en pleine évolution, et, lors de la dernière Assemblée, les Églises membres ont déclaré publiquement ce qui leur importe et ce qu’elles veulent accomplir ensemble dans le monde.

La stratégie répond à ces trois dimensions en précisant les engagements prioritaires des Églises membres jusqu’à la prochaine Assemblée. Pour moi, la stratégie s’apparente à une partition orchestrale que les Églises membres de la FLM s’apprêtent à jouer ensemble, pour faire surgir une mélodie qui fait puissamment écho à la grâce libératrice de Dieu qui rend les êtres humains libres de servir et d’aimer leur prochain et la création de Dieu, qui est bonne. 

Pour moi, la stratégie s’apparente à une partition orchestrale que les Églises membres de la FLM s’apprêtent à jouer ensemble, pour faire surgir une mélodie qui fait puissamment écho à la grâce libératrice de Dieu qui rend les êtres humains libres de servir et d’aimer leur prochain et la création de Dieu, qui est bonne.

– Secrétaire général de la FLM, Martin Junge

Je suis très heureux du bon équilibre entre continuité et innovation. La FLM reste fermement engagée dans la diaconie, le dialogue œcuménique, l’inclusion des jeunes et la justice entre les sexes. Dans le même temps, elle répond au désir des Églises membres d’agir pour la justice climatique. Les Églises ont également exprimé leur volonté de travailler délibérément aux questions de formation théologique.  

Enracinée dans notre témoignage continu de communion d’Églises, cette stratégie nous permet de projeter la FLM dans l’avenir. Ce faisant, elle souligne une quatrième raison, fondamentale, à la création de la stratégie, à savoir que la réforme se poursuit.

Quid du titre et de la vision de la stratégie ?

« Avec passion pour l’Église et pour le monde » – le titre de la stratégie évoque un précepte fondamental de l’identité confessionnelle luthérienne, à savoir l’attention théologique portée à l’incarnation de Dieu en Christ.

En tant que communion d’Églises, nous sommes des passionné-e-s du monde, car Dieu a tant aimé le monde qu’il lui a donné son fils, Jésus-Christ, pour le racheter et le libérer afin qu’il vive en abondance. En tant que communion d’Églises, nous prenons part à cette mission, tourné-e-s vers ce que Dieu veut que nous, êtres humains, et le monde entier, devenions.

Cette passion nous permet de mieux comprendre la mission dans son aspect global, notamment la proclamation de la bonne nouvelle, le service du prochain et le combat pour la justice. Nous recherchons l’unité de l’Église qui permet de témoigner avec dynamisme de tout l’amour que Dieu porte au monde.

La stratégie a deux priorités ; comment celles-ci vont-elles façonner et orienter les travaux de la FLM ?

Ces priorités ont été élaborées après un discernement minutieux de ce que les Églises membres ont conjointement exprimé durant l’Assemblée de 2017 à Windhoek, en Namibie.

Les Églises ont parlé de la difficulté à être et à rester pertinentes dans un monde en évolution, marqué en certains lieux par une croissance rapide et en d’autres, par un déclin constant. Le sujet du « renouveau de l’Église » a pris de l’importance ! Elles ont également noté l’importance cruciale de la formation théologique pour l’avenir des Églises et la nécessité impérative de donner aux jeunes un espace approprié de participation. La pleine inclusion des femmes dans le ministère ordonné de l’Église a de nouveau été affirmée comme objectif et engagement commun. Tout cela est réuni dans la priorité Soutenir la présence et le témoignage vivant des Églises dans le monde. De fait, il s’agit désormais de mettre en place des programmes qui permettront aux Églises de travailler ensemble pour répondre à cette priorité.

Mais elles ont également précisé que leur vocation ne consiste pas à vivre pour elles-mêmes, car être des Églises en communion n’est pas une fin en soi, mais s’inscrit dans l’action libératrice de Dieu, qui s’adresse au monde entier. Ainsi, l’engagement pour la justice, la paix et la réconciliation est intrinsèquement lié à la mission de Dieu dans le monde. C’est pourquoi la FLM conserve son instrument diaconal, le Département d’entraide mondiale, qui manifeste cette vocation au service. La justice de genre – une question qui relève de la foi – reçoit également davantage d’attention. Les droits de la personne, grande réussite de la famille humaine qui risque actuellement d’être révoquée et détruite, constituent toujours un engagement essentiel pour les luthérien-ne-s. La priorité Promouvoir la dignité humaine, la justice et la paix souligne également la responsabilité considérable de la FLM et du Bureau de la Communion dans la jonction entre les réalités locales et le discours tenu au niveau international ainsi que l’élaboration des politiques. C’est pourquoi l’importance de la défense des causes va s’étendre au sein de la FLM.  

Quel objectif avez-vous pour la FLM d’ici six ou sept ans ?

Je ne pense pas que la stratégie indique mes objectifs, mais bien ceux des Églises membres alors qu’elles approfondissent leur cheminement et leur témoignage en tant que Communion. J’ai le sentiment que les Églises membres se réjouiraient de se réunir lors de la prochaine Assemblée, en 2023, en ayant à partager des anecdotes de leur travail mené conjointement, racontant les effets qu’il aura eu dans leur Église et dans le monde.

J’espère qu’elles raconteront en quoi les échanges et les actions auront été approfondis entre les régions et je prie à cette intention. Et j’espère en particulier que les Églises se réjouiront de réaliser qu’elles n’auront pas vécu sur elles-mêmes, mais auront encore offert leur témoignage au monde, œuvrant auprès des personnes opprimées et marginalisées, aidant les réfugié-e-s et les migrant-e-s et défendant leurs droits.

Serait-ce trop ambitieux de rêver que plusieurs Églises viennent annoncer à l’Assemblée qu’elles n’investissent pas dans les combustibles fossiles ou encore qu’elles ont planté un arbre pour chaque enfant baptisé ? Peut-être y aura-t-il des récits de percées œcuméniques, de sorte qu’à une époque de fragmentation et de polarisation, nous, luthérien-ne-s, ainsi que d’autres, aurons manifesté avec puissance que Dieu appelle les êtres humains ensemble.

Quelle réaction espérez-vous de la part des Églises membres vis-à-vis de la stratégie ?

La stratégie 2019-2024 de la FLM est entièrement fondée sur la vocation des Églises membres à vivre et à travailler ensemble en tant que communion d’Églises.

Bien que cela ne puisse pas prévaloir sur les stratégies et les priorités de chaque Église membre, nous croyons qu’une stratégie de la FLM saisit ce qu’elles veulent être et faire ensemble dans ce monde.

De fait, lorsque j’ai écrit aux Églises membres récemment, en leur envoyant la stratégie, je leur ai demandé d’inclure une discussion à ce sujet dans leurs prochaines réunions de gouvernance ou avec les pasteur-e-s. Les questions mobilisatrices pour ces discussions pourraient être : où nous voyons-nous, en tant qu’Église membre, dans ce document ? Et quels sont nos talents et nos contributions ? Ici, il est particulièrement important de réfléchir à la manière dont nous ouvrons les mains pour recevoir des dons, des connaissances, des expériences et la sagesse que d’autres peuvent nous offrir. Ou, dit en d’autres termes : comment l’éthique de la réciprocité et de la solidarité, qui a conduit la FLM pendant des décennies, trouve-t-elle une nouvelle expression ?

Pour la poursuite de notre route, nous voilà équipé-e-s, je crois, d’un excellent outil pour chanter ensemble la mélodie puissante et retentissante de la grâce libératrice de Dieu dans les années à venir.