Le président de la FLM appelle à un témoignage prophétique contre les injustices

L’archevêque Panti Filibus Musa, président de la FLM. Photo: FLM/Albin Hillert

L’archevêque Panti Filibus Musa, président de la FLM, s’adresse à la réunion 2019 du Conseil

GENÈVE (LWI) – Le président de la Fédération luthérienne mondiale (FLM), l’archevêque Panti Filibus Musa, a ouvert aujourd’hui la réunion 2019 du Conseil de la FLM par un appel à une unité plus profonde entre les Églises et à un témoignage plein d’audace dans un monde qui réclame justice et une création qui gémit en attendant la guérison.

« En tant que peuple marqué du sceau éternel du bon berger […], nous ne devons jamais renoncer à notre devoir de témoigner contre les inégalités dans la société » et de réagir aux systèmes qui aggravent la vulnérabilité des pauvres, a déclaré l’archevêque, qui dirige l’Église luthérienne du Christ au Nigéria. Son discours avait pour titre « Parce que nous connaissons la voix de Dieu » (cf. Jean 10,4), en écho au thème de la réunion du Conseil qui se tient du 13 au 18 juin à Genève.

Développant le thème du Conseil, le président a précisé que connaître la voix de Dieu revenait à affirmer la justification par la grâce au moyen de la foi en Christ et à y puiser de l’assurance même dans les circonstances les plus difficiles : « Même lorsque nous doutons, nous pouvons compter sur les conseils de l’Esprit Saint pour nous aider à discerner la voix de Dieu, l’action de Dieu dans le monde d’aujourd’hui. »

L’archevêque a repris les images de Jésus parlant du bon berger qui prend soin de ses brebis à l’intérieur et à l’extérieur de l’enclos pour souligner ce que la conception que la FLM a d’elle-même implique pour la mission et la manifestation de la foi dans le monde. Comme l’Église de Jésus Christ, qui ne prend jamais le parti de l’autojustification, et à la suite des fondateurs de la FLM, « se replier sur nous-mêmes et ne nous préoccuper que de notre bien-être n’est jamais un choix à faire », a-t-il mis en garde.

L’archevêque a rappelé à son auditoire représentant les Églises membres de la FLM que les communautés chrétiennes partagent un même espace avec les autres et qu’elles ont aussi pour vocation de dialoguer avec les autres religions sur un plan théologique et pratique afin de promouvoir la paix. Il a mis la communion luthérienne au défi de vivre sa vocation intégrale en s’attaquant « aux souffrances de nos prochains », notamment des personnes qui sont persécutées à cause de leur foi, même lorsque ce témoignage prophétique « est souvent porteur de grands risques ».

Engagement à témoigner et à servir ensemble

Dans son allocution, le président a évoqué les grandes étapes de l’attachement de longue date de la FLM à la recherche de l’unité chrétienne, que ce soit au sein de la communion ou avec d’autres partenaires œcuméniques, ainsi qu’à un service accompli à plusieurs pour alléger les souffrances. Exprimant sa gratitude pour le « profond témoignage » de « notre unité » dans un monde où il est plus facile de couper les liens et de mettre fin aux relations, il a également lancé un appel à des voix collectives « plus fortes et plus efficaces » pour s’opposer à toutes les formes d’injustice.

L’un des points d’orgue de la réunion de cette année est la célébration du vingtième anniversaire de la Déclaration commune concernant la doctrine de la justification, un document œcuménique signé à l’origine par la FLM et l’Église catholique romaine en 1999 et auquel les communions méthodiste, anglicane et réformée se sont associées depuis. La Déclaration commune est ainsi devenue un engagement œcuménique partagé par cinq instances ecclésiales mondiales dont le but est de rendre un témoignage commun et de collaborer au service des personnes nécessiteuses à travers le monde. Ainsi que l’a observé l’archevêque Musa, « elle marque un tournant dans notre cheminement œcuménique du conflit à la communion. »

Répondre à la création qui appelle à la guérison

Revenant sur des thématiques développées dans la Stratégie 2019-2024 de la FLM, le président a rappelé au Conseil sa vocation à exercer l’intendance de la création de Dieu et à entendre ses appels à la guérison : « La création gémit à travers la dégradation de l’environnement ; ses répercussions sont catastrophiques : les cyclones, les inondations et les sécheresses ont des effets dévastateurs » – une crise qui exige des mesures draconiennes. Il a fait part de sa profonde gratitude pour les activités que mène la FLM en matière de justice climatique, et il a félicité les jeunes de la communion qui ont pris l’initiative de plaider dans ce domaine par de nombreux moyens différents.

Évoquant le jardin de Luther à Wittenberg (Allemagne), un monument vivant de 500 arbres plantés par des Églises de toutes les régions du monde à l’occasion du 500e anniversaire de la Réforme en 2017, le président de la FLM a déclaré qu’il ne fallait pas réduire cette démarche à un simple événement de la commémoration mondiale. Elle doit être « un symbole qui nous rappelle et nous inspire une réforme permanente, y compris l’écoute des gémissements de la création », a-t-il souligné.

Gratitude pour l’intendance des ressources de la FLM

Le président Musa a rappelé aux membres du Conseil de la FLM leur rôle d’intendance à l’égard des ressources mises à la disposition du Bureau de la communion pour ses activités, et il les a remerciés pour leur « esprit de collaboration » et leur « engagement vis-à-vis de la croissance de notre communion d’Églises et de notre témoignage dans le monde ». Il a également remercié le personnel du Bureau de la communion, dirigé par le secrétaire général de la FLM, le pasteur Martin Junge, pour son dévouement dans la mise en œuvre les décisions du Conseil.

Abordant les changements que connaissent les Églises à travers le monde et leur incidence sur la communion mondiale d’Églises, l’archevêque a souligné que « nous pouvons avancer vers l’inconnu et prendre des décisions très difficiles », parce que les fidèles forment un peuple qui connaît la voix de Dieu, qui marche sous l’impulsion de la foi et qui sait que « le “bon berger” nous conduira, nous guidera et nous protégera ».

Il a terminé son allocution en insistant sur le fait que c’est la voix de Dieu qui « nous appelle aussi dans les bidonvilles, auprès des personnes blessées ou marginalisées et auprès de tant de victimes de la dépression et du désespoir ».

 

 

La Réunion 2019 du Conseil de la FLM se tient à Genève du 13 au 18 juin. Elle a pour thème « Parce que nous connaissons la voix de Dieu » (cf. Jean 10,4). Le Conseil de la FLM, qui se réunit tous les ans, est la plus haute instance de gouvernance de la FLM entre les Assemblées. Il est composé du président de la FLM, du président du Comité des Finances et de 48 membres originaires d’Églises membres de la FLM dans les sept régions.